On a trouvé l'expo On Air absolument étonnante. Est-ce parce que cohabiter avec la gent arachnéenne nous semble si dérangeant ? (c'est d'ailleurs un sujet de désaccord à la maison : l'un défend le droit à la vie et la fonction écolo de la bestiole, l'autre la tue sans état d'âme, souvent en cachette histoire de ne pas à avoir à alimenter le débat et d'avoir le dessus sur l'occupante. On assume presque pleinement).
Mais on l'avoue, une fois le dégoût passé, on s'est souvent arrêtée avec admiration sur le travail d'orfèvre laissé derrière elles par ces dames aux pattes velues. Oui, c'est beau une toile d'araignée. On est aussi parfois restée scotchée en regardant la danse des particules dans un rayon de soleil. L'artiste argentin Tomas Saraceno a lui aussi capté cette poésie puisque c'est avec enthousiasme qu'il a investi la totalité des espaces du Palais de Tokyo. Convaincant il a dû l'être, puisqu'il a entraîné dans son vaste projet interdisciplinaire des tas de gens biens : scientifiques, cosmonautes, activistes, musiciens, philosophes...
Tout a donc commencé avec cette interrogation : comment cohabiter ? Avec les araignées (la majorité de celles qui ont œuvré pour l'expo vivaient déjà dans les sous-sols du Palais de Tokyo, elles peuplaient aussi la terre bien avant nous : alors, qui doit accepter l'autre ?) mais aussi avec les éléments qui constituent notre écosystème, et surtout l'air. Ecolo et idéaliste, la démarche de Saraceno nous emmène loin, c'est aussi un vrai débat sur la mobilité ayant pour véhicule les couloirs aériens qu'utilise l'araignée pour se déplacer, autant d'histoires invisibles qui composent la nature dont nous faisons partie. Comment habitons nous le monde à l'heure où l'homme est devenu un véritable prédateur qui
épuise les ressources de la terre ? Où il est donc question des défis de l'anthropocène (c'est à dire le moment où l'activité humaine a commencé à avoir un réel impact sur l'ecosystème), d'harmonie, de collaborations éthiques en imaginant de nouvelles sources libérées des énergies fossiles, où l'air deviendrait un vecteur formidable.
On découvre pas moins de 76 spectaculaires toiles d'araignées, puis de nombreuses installations plus ou moins accessibles (des filaments de soie d'araignées émettent des sons au gré des agitations de l'air, allées et venues, respiration des visiteurs, telle l'araignée, sourde et aveugle qui surréagit aux vibrations ; un assemblage de sacs plastiques en une montgolfière géante et autonome à l'intérieur de laquelle le visiteur peut pénétrer ; la chorégraphie magnifique du voyage des particules de poussières cosmiques...). L'expo fait aussi la part belle à la dimension sonore : sans air point de sons. La fin du parcours permettra au visiteur de faire vibrer à son tour une installation aux allures de toile géante. Succès assuré (il faut quand même prendre sont ticket, on s'immisce au compte goutte dans cette installation pour mieux en profiter), les enfants sont ravis.
Arachnophobes rassurez-vous, on n'a aperçu qu'une seule araignée pas bien méchante au cours de ces déambulations ludiques et instructives dont on ressort émerveillés par tant de poésie et d'intelligence (pas qu'humaine, ce qu'on oublie d'ailleurs trop souvent).
Carte blanche à Tomas Saraceno, Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, tous les jours sauf mardi, de midi à minuit - jusqu'au 6 janvier
(Photos : Sunday Morning)
(Photos : Sunday Morning)
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