Manpupuner, dans le parc des Komis, dans le nord de l'Oural. Photo via Pinterest. |
Astrid Wendlandt est une
journaliste franco-canadienne passionnée par la Russie qui travaille pour l’agence
de presse Reuters. Elle publie aujourd'hui un récit* en français (pour se sentir plus libre que dans sa langue maternelle et professionnelle, l'anglais) où elle raconte son retour, 15 ans après à Tcheliabinsk où elle vécut, étudiante. Cette ville située à la
frontière entre l’Europe et l’Asie n'a rien pour plaire (un « complexe militaro-industriel agonisant sur les flancs sud
de l’Oural. Le lieu invite au suicide » écrit-elle !), mais elle y a vécu une passion –
mal payée en retour – avec un beau rockeur ténébreux.
En 2010, sa
carte de presse en poche, elle part à la recherche de cet amour de jeunesse mais aussi à la découverte de possibles civilisations perdues de l'Oural…
C’est un beau récit de voyage et un parcours initiatique - qu'on pourrait penser interdit à une femme qui a déjà bien vécu. A presque 40 ans, l’auteur vit une nouvelle romance, croise une communauté d’hommes et de femmes
qui ont décidé de vivre en autarcie sous la protection d’une chamane du nom
d’Anastasia ; elle connaîtra quelques déceptions aussi, mais vivra aussi
des moments magiques auxquels on a envie de croire.
Elle dresse aussi un portrait passionnant de ce pays en proie à l'anarchie :"(…)la liberté pour moi commence en Russie. Même si le FSB, le successeur du KGB, contrôle toutes les strates de la société, il y règne encore un tendre désordre que l'on ne retrouve plus dans des pays comme la France où chaque fait et geste est policé."
"La Russie possède ce que l'Europe n'a plus : de l'espace. (…) La Sibérie est un des derniers endroits où l'on peut encore disparaître vivre à des centaines de kilomètres du premier village et imaginer qu'il reste encore des forêts vierges des pas de l'homme."
Tous les grands enfants qui rêvent devant des noms exotiques, sont avides de découvrir des endroits
hostiles, inhabités et mystérieux, qui aiment les contes et l’aventure, devraient plonger dans ce court récit. Pour s’amuser (ce que j’ai fait), on peut aussi chercher sur
Google Map ces lieux perdus qu’elle traverse… Il n'est pas toujours possible de s'y "promener", mais des photos aident à s'évader. C’est dépaysant au possible et parfois aussi déprimant, mais on en ressort plein d’admiration pour cette baroudeuse des
confins du monde…
*L'Oural en plein cœur (Albin Michel)
L'Oural en plein cœur - des steppes à la taiga sibérienne, Albin Michel, 250 p., 19,50 € |
*L'Oural en plein cœur (Albin Michel)
PS 2 : On n'aurait jamais soupçonné cette pointe d'accent anglo-saxon !
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