28 avr. 2014

L'Oural, montagne magique

Manpupuner, dans le parc des Komis, dans le nord de l'Oural. Photo via Pinterest.


Astrid Wendlandt est une journaliste franco-canadienne passionnée par la Russie qui travaille pour l’agence de presse Reuters. Elle publie aujourd'hui un récit* en français (pour se sentir plus libre que dans sa langue maternelle et professionnelle, l'anglais) où elle raconte son retour, 15 ans après à Tcheliabinsk où elle vécut, étudiante. Cette ville située à la frontière entre l’Europe et l’Asie n'a rien pour plaire  (un « complexe militaro-industriel agonisant sur les flancs sud de l’Oural. Le lieu invite au suicide » écrit-elle !), mais elle y a vécu une passion – mal payée en retour – avec un beau rockeur ténébreux.
En 2010, sa carte de presse en poche, elle part à la recherche de cet amour de jeunesse mais aussi à la découverte de possibles civilisations perdues de l'Oural…



© Astrid Wendlandt


C’est un beau récit de voyage et un parcours initiatique  - qu'on pourrait penser interdit à une femme qui a déjà bien vécu. A presque 40 ans, l’auteur vit une nouvelle romance, croise une communauté d’hommes et de femmes qui ont décidé de vivre en autarcie sous la protection d’une chamane du nom d’Anastasia ; elle connaîtra quelques déceptions aussi, mais vivra aussi des moments magiques auxquels on a envie de croire.

Elle dresse aussi un portrait passionnant de ce pays en proie à l'anarchie :
"(…)la liberté pour moi commence en Russie. Même si le FSB, le successeur du KGB, contrôle toutes les strates de la société, il y règne encore un tendre désordre que l'on ne retrouve plus dans des pays comme la France où chaque fait et geste est policé." 

mais où l'on peut aussi se sentir vraiment libre :
"La Russie possède ce que l'Europe n'a plus : de l'espace. (…) La Sibérie est un des derniers endroits où l'on peut encore disparaître vivre à des centaines de kilomètres du premier village et imaginer qu'il reste encore des forêts vierges des pas de l'homme."


Tous les grands enfants qui rêvent devant des noms exotiques, sont avides de découvrir des endroits hostiles, inhabités et mystérieux, qui aiment les contes et l’aventure, devraient plonger dans ce court récit. Pour s’amuser (ce que j’ai fait), on peut aussi chercher sur Google Map ces lieux perdus qu’elle traverse… Il n'est pas toujours possible de s'y "promener", mais des photos aident à s'évader. C’est dépaysant au possible et parfois aussi déprimant, mais on en ressort plein d’admiration pour cette baroudeuse des confins du monde



L'Oural en plein cœur - des steppes à la taiga sibérienne,
Albin Michel, 250 p., 19,50 €


*L'Oural en plein cœur (Albin Michel)


PS : Une interview de 2010 d’Astrid Wendlandt au sujet de son précédent livre sur les Nenets, éleveurs de rennes de Sibérie. Un entretien où elle évoque à la fin son projet suivant, c'est à dire le livre qui paraît aujourd'hui.
PS 2 : On n'aurait jamais soupçonné cette pointe d'accent anglo-saxon !



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire