Messieurs, vous êtes très, très gros et vous rêvez d'être un sex symbol ? Pas de panique, devenez SUMO !
Comme il y a une saison pour les clémentines (si vous vous réveillez au mois d'avril c'est mort), il en va de même pour les combats de sumos (les "bashos") : trois fois par an, en janvier, mai et septembre à Tokyo, c'est plié.
Quelle ne fut pas ma déception, première escapade au pays du Soleil Levant et pas moyen de tenter de percer ce mystère, approcher quelques uns de ces hommes obèses en string amélioré, véritables héros nationaux qui déchaînent les foules ? Damned.
Cependant, après quelques échanges sur le génialissime Voyage Forum qui m'aide depuis pas mal d'années à préparer mes escapades avec l'aide de la communauté de voyageurs peu avares de bons plans, j'apprends grâce à Bégonia53 de Toronto (merci Bégo !) que je pourrai quand même approcher ces gros bébés stars : objectif, trouver une "beya" (écurie de sumotoris) pas trop excentrée et aller assister à leur entraînement du matin ("Sumo Keiko"). Là où ça se complique un peu, c'est qu'il faut se lever tôt et attention mesdames, il paraît que nous ne sommes pas autorisées à entrer dans une salle d'entraînement, impures que nous sommes, ce sont les Shintoïstes qui le disent (et avant le début du XXème siècle, pas moyen non plus d'assister à un combat, fort discutable tout ça, tss tss tss...).
La bonne adresse la voici je vous la donne :
Arashio Beya - sortir à Hamacho station (Toei Shinjuku Line) dans le quartier de Ninhonbashi.
Depuis la rue, à travers la baie vitrée où on se trouve au premier rang pour mater gentiment, c'est parfait.
Alors à quoi ressemblent ils ces fameux sumos ?
Ils portent les cheveux longs et lustrés, en chignon au dessus de la tête (les branchées parisiennes n'ont donc rien inventé ces pimbêches).
Ils passent la plupart de leur temps à s'entraîner (30 heures par semaine) quasi nus comme des vers, uniquement revêtus du "mawashi", tissu d'une dizaine de mètres savamment enroulée pour protéger leurs parties intimes et permettre à l'adversaire une bonne prise. Les plus gradés comme celui ci ont droit à de la soie et à une couleur plus sympa. Il paraît qu'il faut être au moins deux pour le mettre. T'as qu'à voir comme c'est pratique...
Alors le sumo késako ?
Ce rituel antique de combat remonte à des lustres puisqu'on retrouve des liens avec la famille impériale et la religion shintoïste, il aurait été mentionné dès 712 dans le tout premier écrit japonais, le "récit des temps" contant le combat de deux Dieux. On raconte que fut un temps, certains se battaient jusqu'à la mort. Quelle histoire.
Avant d'attaquer, les sumos claquent des mains et se tapent violemment la couenne pour montrer à l'adversaire qu'ils ne cachent pas d'arme dans leurs mains. Essayez donc de faire de même je vous assure que vous ne rivaliserez pas avec ce "platch" retentissant (à moins que vous soyez très gros vous aussi).
Les combats sont rapides (5 à 10 secondes pas plus). L'arène est circulaire, recouverte de sable humide. Les gros bonhommes commencent par s'accroupir face à face.
Le combat démarre quand les deux adversaires ont un poing à terre. Là démarre un corps à corps un peu bestial.
Ca n'a pas l'air comme ça (les bouboules essaient de se pousser hors du cercle ou de faire toucher au sol l'une des parties du corps de l'autre, forcément les gros sont avantagés, ils sont plus difficiles à bouger) mais il paraît que c'est très complexe (plus de 70 prises officielles, et vas y que ça pousse, crochette, porte et projette, avec interdiction de tirer les cheveux ou de mettre les doigts dans les yeux, un peu comme à l'école quoi).
Le travail d'assouplissement est important et j'ai vu un "Shinko" où le sumo se trémousse d'une jambe sur l'autre de très très vraiment très près :
Si vous souhaitez prendre du gras à la manière d'un vrai sumo (ou si vous souhaitez engraisser votre pire ennemi, suivez bien) voici le régime indiqué, il semble infaillible :
il faut se lever tôt (genre 5 heures du mat') et s'entraîner à jeun (le métabolisme est bas et brûle difficilement les calories) ; une fois bien affamé, mangez énormément en engloutissant bière et / ou boissons très sucrées, puis sans tarder, allez dormir 4 heures afin que le gras se diffuse lentement dans votre organisme. Le soir, rebelote, mangez tard et allez dormir illico.
Le recette de base, c'est le fameux "Chanko", un râgout hyper gras protéiné agrémenté de chou chinois, radis et champignons, à servir avec du riz et des nouilles pour faire passer.
A ce rythme (8 à 10 000 calories par jour) vous devriez atteindre sans souci les 150 kilos d'usage.
Et pourtant ces gros là sont très agiles, n'oublions pas que sous la graisse ce sont de vraies athlètes.
Les débutants démarrent vers l'âge de 15 ans, novices mais curieux, dévoués à leurs aînés, leurs stagiaires en quelques sorte (cuisine, lessive, ménage...). Ceux ci n'ont pas encore fabriqué tout leur gras :
Autant les japonais sont très attachés à leur hygiène, autant le sumo reste une pratique fort salissante.
Plus qu'un sport ou un métier, le sumo représente un véritable mode de vie : les Sumotoris vivent en communauté et ont finalement peu d'activités à par la vie de sumo qui est très hiérarchisée. Ils peuvent se marier (ils sont d'ailleurs très convoités mais attention mesdames, bon courage pour nourrir la bête), mais n'ont pas le droit de conduire. Les règles sont strictes, rien de très folichon au quotidien et surtout des principes d'endurance et de respect au quotidien.
Si la finesse de cette pratique m'a un peu échappé, j'avoue que j'ai été été fascinée et ravie de pouvoir rentrer un peu dans l'intimité d'une vraie beya.
Saviez vous que la France compte un très grand fan ? (le voici probablement de retour d'une saison de combats, tout épuisé) :
Photos : Laure M. Sauf indiqué.
Comme il y a une saison pour les clémentines (si vous vous réveillez au mois d'avril c'est mort), il en va de même pour les combats de sumos (les "bashos") : trois fois par an, en janvier, mai et septembre à Tokyo, c'est plié.
Quelle ne fut pas ma déception, première escapade au pays du Soleil Levant et pas moyen de tenter de percer ce mystère, approcher quelques uns de ces hommes obèses en string amélioré, véritables héros nationaux qui déchaînent les foules ? Damned.
Cependant, après quelques échanges sur le génialissime Voyage Forum qui m'aide depuis pas mal d'années à préparer mes escapades avec l'aide de la communauté de voyageurs peu avares de bons plans, j'apprends grâce à Bégonia53 de Toronto (merci Bégo !) que je pourrai quand même approcher ces gros bébés stars : objectif, trouver une "beya" (écurie de sumotoris) pas trop excentrée et aller assister à leur entraînement du matin ("Sumo Keiko"). Là où ça se complique un peu, c'est qu'il faut se lever tôt et attention mesdames, il paraît que nous ne sommes pas autorisées à entrer dans une salle d'entraînement, impures que nous sommes, ce sont les Shintoïstes qui le disent (et avant le début du XXème siècle, pas moyen non plus d'assister à un combat, fort discutable tout ça, tss tss tss...).
La bonne adresse la voici je vous la donne :
Arashio Beya - sortir à Hamacho station (Toei Shinjuku Line) dans le quartier de Ninhonbashi.
Depuis la rue, à travers la baie vitrée où on se trouve au premier rang pour mater gentiment, c'est parfait.
Ils portent les cheveux longs et lustrés, en chignon au dessus de la tête (les branchées parisiennes n'ont donc rien inventé ces pimbêches).
Ils passent la plupart de leur temps à s'entraîner (30 heures par semaine) quasi nus comme des vers, uniquement revêtus du "mawashi", tissu d'une dizaine de mètres savamment enroulée pour protéger leurs parties intimes et permettre à l'adversaire une bonne prise. Les plus gradés comme celui ci ont droit à de la soie et à une couleur plus sympa. Il paraît qu'il faut être au moins deux pour le mettre. T'as qu'à voir comme c'est pratique...
Alors le sumo késako ?
Ce rituel antique de combat remonte à des lustres puisqu'on retrouve des liens avec la famille impériale et la religion shintoïste, il aurait été mentionné dès 712 dans le tout premier écrit japonais, le "récit des temps" contant le combat de deux Dieux. On raconte que fut un temps, certains se battaient jusqu'à la mort. Quelle histoire.
Avant d'attaquer, les sumos claquent des mains et se tapent violemment la couenne pour montrer à l'adversaire qu'ils ne cachent pas d'arme dans leurs mains. Essayez donc de faire de même je vous assure que vous ne rivaliserez pas avec ce "platch" retentissant (à moins que vous soyez très gros vous aussi).
Les combats sont rapides (5 à 10 secondes pas plus). L'arène est circulaire, recouverte de sable humide. Les gros bonhommes commencent par s'accroupir face à face.
Ca n'a pas l'air comme ça (les bouboules essaient de se pousser hors du cercle ou de faire toucher au sol l'une des parties du corps de l'autre, forcément les gros sont avantagés, ils sont plus difficiles à bouger) mais il paraît que c'est très complexe (plus de 70 prises officielles, et vas y que ça pousse, crochette, porte et projette, avec interdiction de tirer les cheveux ou de mettre les doigts dans les yeux, un peu comme à l'école quoi).
Le travail d'assouplissement est important et j'ai vu un "Shinko" où le sumo se trémousse d'une jambe sur l'autre de très très vraiment très près :
Si vous souhaitez prendre du gras à la manière d'un vrai sumo (ou si vous souhaitez engraisser votre pire ennemi, suivez bien) voici le régime indiqué, il semble infaillible :
il faut se lever tôt (genre 5 heures du mat') et s'entraîner à jeun (le métabolisme est bas et brûle difficilement les calories) ; une fois bien affamé, mangez énormément en engloutissant bière et / ou boissons très sucrées, puis sans tarder, allez dormir 4 heures afin que le gras se diffuse lentement dans votre organisme. Le soir, rebelote, mangez tard et allez dormir illico.
Le recette de base, c'est le fameux "Chanko", un râgout hyper gras protéiné agrémenté de chou chinois, radis et champignons, à servir avec du riz et des nouilles pour faire passer.
Photo via Protéine pas cher |
Et pourtant ces gros là sont très agiles, n'oublions pas que sous la graisse ce sont de vraies athlètes.
Les débutants démarrent vers l'âge de 15 ans, novices mais curieux, dévoués à leurs aînés, leurs stagiaires en quelques sorte (cuisine, lessive, ménage...). Ceux ci n'ont pas encore fabriqué tout leur gras :
Autant les japonais sont très attachés à leur hygiène, autant le sumo reste une pratique fort salissante.
Si la finesse de cette pratique m'a un peu échappé, j'avoue que j'ai été été fascinée et ravie de pouvoir rentrer un peu dans l'intimité d'une vraie beya.
Saviez vous que la France compte un très grand fan ? (le voici probablement de retour d'une saison de combats, tout épuisé) :
Photographie : Jack Garofalo (via Mediapart) |
Jacky - San a même baptisé son chien sumo (s'il avait été fondu de ski nautique, il aurait eut l'air finaud tiens, en appelant son bichon !)
Photos : Laure M. Sauf indiqué.
Bravo Laure !
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